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Etats Des Lieux (demo 2017)

by Lili Brik

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1.
Juste en fermant les yeux Je revois la cuisine Ton visage anguleux Nos fous rires de gamines Dans les fêtes qu'on donnait Toujours en première ligne Nous dansions au salon Mais c'est dans la cuisine que nous disparaissions Sérieuses à dix-sept ans ? On se collait des mines ! Pour rire, pour être en vie, Rester dans la cuisine Quand tout dégénérait Que nos visages en ruine Reflétaient nos désirs Notre quête des abîmes Les lendemains de fête Nous étions moins malines Devant nos cafés noirs Avec nos petites mines Riant de nos exploits Souriant de nos crimes Non, tu n'as pas fait ça ? Mais si ! Dans la ... Tout nous est arrivé Là-bas dans la cuisine Le meilleur comme le pire Le rire et les épines Prends mon collier de rire Mais celui de gamine Je le garde à mon cou Je garde la cuisine
2.
Le Couloir 03:55
Viens dans le couloir, tu pourras voir Tes congénères errer comme des hères, Goûter leur peau, sucer leurs os, Esquiver l'aube en coupant leurs arrières. Viens dans ce couloir, puisque des soirs Tu gardes le goût et l'odeur comme un suc Qui te dévore, gueule au dehors Humant le sel de ces proies, de ces corps. Mais, à tout prendre, mieux vaut se rendre Et se défaire des oripeaux amers, Gagner les rives où nos cœurs ivres Peuvent se rejoindre, flirter avec les cimes. Pars de ce couloir, si tu veux croire Encore au monde dans lequel tu te meus. Ici, tout tremble, tout est exsangue, Brûlé au feu du désir qui harangue Nos âmes célestes, déchues, ne reste Que le souvenir de nos rêves innocents. Était-ce hier ? J'étais trop fière, Ou trop encline à céder au tourment. Mais à tout prendre, mieux vaut se rendre. Ô se défaire ! Ne plus être que chair. C'est dans l'excès que je t'aimais. Quand, de nos peaux, nous tenions le secret. Gagner les cimes, toucher l'ultime Ivresse, avant que nos peaux ne se dessèchent. Que tout nous brise ou nous imprime Le sceau du temps, usés de nos dérives.
3.
Je suis le néant des carrelages où tu tombes, Où tu te répands, quand trop ivre tu sombres, Je suis la faïence où se brisent tes rêves Où tes yeux se fondent, le cœur au bord des lèvres. Je suis les carreaux noirs et blanc qui alternent. Petit saut, gros blanc, un deux trois, je te sème. Je suis la rayure où ton esprit s'abîme. Gamme de do au sol, les poussières s'alignent. Si tu te défends, je brise mon émail Vaincue, tu te rends, allonge-toi que je défaille. Je suis le néant…. Je suis les carreaux de ciment qui t'aimantent Et tu te souviens qu'un jour tu fus amante Dans cette pièce étrange aux murs qui se tapissent De reflets obscurs. Soudain, ils rétrécissent. Si tu t'abandonnes à mes reflets étranges… Vaincue tu te cognes, mais ta chevelure de Gorgone m'étrangle lentement. 1, 2, 3, soudain ta tête explose 4, 5, 6, les carreaux prennent la pose 7, 8, 9, puis s'échappent en calice 10, 11, 12, tandis que ta tête glisse. 1, 2, 3, dès lors ta vue se brouille 4, 5, 6, en vain ta mémoire fouille 7, 8, 9, pourquoi tu es à terre ? 10, 11, 12, madone de poussière.
4.
Au Jardin 04:54
Vous souvient-il de nous petites alors ? Les photos nous montrent heureuses au dehors. Dissimulant, en creux, une sourde absence, Quelque brume étrange dans nos yeux immenses. Des clichés qu’il reste, je chéris surtout Celui pris au jardin nous trois debout. Tu soutiens ma tête, elle regarde ailleurs. Des années après, il étreint mon cœur. Vous souvient-t-il de nous plus grandes après ? Bavardages incessants, rires et hoquets Peuplaient la maison, coloraient les murs Tout bruissants de secrets et de murmures. Je me souviens aussi des dimanches soirs, Une peine insidieuse, un furieux cafard Nous suffoquaient toutes, mais nous laissaient seules Face à la tristesse, à la vie, au deuil. Je repense à nous, quand les années mortes m’assaillent, quand lasse et à genoux, Face aux souvenirs, l’inventaire vaudrait-il le coup ? J’y ai renoncé souvent. Oublier l’enfance, je voudrais parfois redevenir vierge de souvenirs, ne pas Évoquer sans cesse, nos souvenirs ensemble, les vacances passées, la prairie, les trembles. Faire le deuil enfin des rires et des chants, plein champ, contrechamp Sur d’autres histoires, de vieilles histoires. Oublier l’enfance, je voudrais parfois redevenir vierge. Construire une autre vie qui enfin soit mienne, Me ressemble et me tienne, loin des histoires, des vieilles histoires. Je suis née dans l’air palpitant d’un soir d’été. La vie m’a touchée. J’ai gardé, malgré tout, au fond d’un tiroir, un tiré à part de notre histoire.
5.
6.
Oh le vide qui me prend ! Parfois, tout tourne plus lentement, Le temps que s’ouvrent en moi les douves de l’isolement. Oh ! Le vide qui m’assaille Me creuse le coeur comme une intaille. Alors s’effondrent en moi les ombres Des sentiments Oh ! Il faudrait que je tombe enfin sur l’ombre qui me fait peur Et que suçant ses racines, je la devine et qu’enfin elle meurt. Oh ! Le vide que je sens, C’est moi qui l’enfante en mon flanc. Fruit de mes sombres pensées je tombe de mon séant Oh ! Il faudrait que j’assaille enfin mes failles et mes terreurs Et qu'en déchirant le doute, j’ouvre la route qui mène au cœur De mes démons et névroses Fleurs vite écloses, bouquet de peurs Ô compagnes d’infortune ! Vous serez l’hydre de ma douleur.
7.
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ; Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

credits

released June 12, 2017

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Lili Brik Paris, France

Anne Lanoë (gtr, vcl)
Cyril Touzé (bass)
Didier Boiteau (gtr)
Cyril Havard (drums)

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